Collections Monnaies et médailles

Par ici la monnaie ! (Salle Colin Martin)

La monnaie telle qu’on la connaît apparaît autour de 600 av. J.-C. en Asie Mineure (Turquie actuelle). Facilitant les échanges entre les hommes, son utilisation et sa production se diffusent rapidement dans le pourtour méditerranéen et au-delà. L’exposition permanente des collections Monnaies et médailles du MCAH invite le visiteur à parcourir l’histoire de la monnaie, de sa création à aujourd’hui. Au cœur du récit, les trésors et trouvailles monétaires vaudois sont replacés dans leur contexte de découverte. Un accent particulier est mis sur le rôle de l’argent à l’époque contemporaine grâce au module central qui permet un lien entre la numismatique et l’économie.

Bourse de cauris et de fèves, Afrique, XIXe siècle.

Avant la monnaie

Les sociétés ne connaissant pas les pièces de monnaies ont développé des économies sophistiquées en utilisant certains objets comme moyens d’échange et en mettant en place des systèmes de compte détaillés. Le métal, notamment l’or et l’argent, a peu à peu pris le dessus dans les échanges car il est résistant, fractionnable, facile à transporter et à stocker. Un cap est franchi lorsqu’émerge l’idée de marquer les fractions de métal du sceau de l’autorité qui les a produites, garantissant ainsi leur poids et leur valeur. Alors apparaît la monnaie qui est à la fois unité de compte, moyen de paiement, réserve de richesse et support de propagande par la même occasion.

L’une des premières monnaies frappées en Asie Mineure occidentale : un trité (1/3 de statère) de Sardes, vers 520 av. J.-C.

Grèce et monde celtique

Les Grecs établis en Asie mineure occidentale sont les premiers à frapper monnaie vers 600 av. J.-C. Très vite, les cités d’Egine, Corinthe et Athènes adoptent ce système et produisent quantité de monnaies en argent. Les colons grecs de Sicile, d’Italie du Sud et de Marseille suivent le mouvement. De 336 à 323 av. J.-C., Alexandre le Grand irrigue de pièces les lointains territoires qu’il conquiert. Ses successeurs, les rois hellénistiques, battent monnaie à large échelle, en s’inspirant des motifs développés par le grand roi. Les Celtes, enrôlés comme mercenaires dans les armées hellénistiques, ramènent probablement des monnaies chez eux, notamment en Suisse, où ils se mettent ensuite à frapper leurs propres espèces.

Le trésor d’Avenches, découvert en 1807, composé d’environ 70 monnaies romaines en bronze rassemblées dans une cruche.

Rome

Aussi influencée par le monde grec, Rome se met à frapper monnaies dès 300 av. J.-C. environ. Le système monétaire, d’abord essentiellement composé de monnaies de bronze, est complété dans un premier temps par des pièces d’argent, puis d’or. Plusieurs réformes ponctuent les neuf siècles monétaires de l’histoire romaine. Les grands généraux, puis les empereurs émettent des monnayages dans des proportions jamais vues et avec une iconographie très riche. Les trouvailles monétaires vaudoises en témoignent. Elles reflètent non seulement l’occupation romaine, mais aussi les invasions dites « barbares » du IIIe siècle ap. J.-C. et l’effondrement progressif des structures de l’Empire romain d’Occident.

Lot de dix deniers de Charlemagne trouvé dans la nécropole de Bel-Air, commune de Lausanne.

Moyen Âge

En Orient, le système monétaire romain n’est pas abandonné, mais s’enrichit de nouvelles valeurs et perdure jusqu’en 1453. En Occident, en revanche, le morcellement territorial engendré par la disparition de l’Empire romain fait naître une multitude d’autorités qui, dans un premier temps, respectent le modèle byzantin, puis s’en détachent. Dès la fin du Xe siècle, après une tentative de centralisation monétaire par les Carolingiens, les seigneurs laïcs et ecclésiastiques, qui, sur les rives du Léman sont les évêques de Genève et Lausanne, les barons de Vaud et les comtes, puis ducs de Savoie, produisent des deniers et oboles en argent. À partir de 1252, les grandes villes marchandes d’Italie créent de nouvelles monnaies d’or et d’argent de grande valeur afin de répondre aux nécessités du commerce à large échelle.

Médaille commémorant la première assemblée du Grand conseil vaudois, le 14 avril 1803.

Moderne et contemporain

De 1536 à 1798, le Pays de Vaud est occupé par les Bernois qui y imposent la Réforme et y instaurent leur système monétaire composé de Batzen et de Rappen. En 1803, les Vaudois s’émancipent de la tutelle bernoise et regagnent le droit de battre monnaie. Ainsi, l’atelier monétaire de Lausanne reprend son activité jusqu’en 1848 lorsque, après la guerre du Sonderbund, les Confédérés centralisent la production monétaire à Berne. Les francs et centimes suisses sont créés, pratiquement à l’identique de ceux que nous utilisons aujourd’hui. Seul l’alliage est modifié en 1968, suite à une hausse du prix de l’argent. La Confédération décide alors d’émettre des monnaies fiduciaires en cupro-nickel. La valeur des monnaies est ainsi décidée par l’État émetteur et n’est plus directement liée au métal qui les compose.

Coins et flans monétaires d’un faussaire, au côté de monnaies officielles du XIVe siècle, retrouvés à Rovray (VD) dans la première moitié du XXe siècle.

Métal monnayé, production et économie

Indispensable à la frappe monétaire, le métal se trouve naturellement sous diverses formes que les États de l’Antiquité à nos jours se sont empressés de contrôler. Au cours des siècles, plusieurs techniques, d’abord manuelles puis mécaniques, ont été élaborées afin de transformer le métal en numéraire. Aujourd’hui, même s’il existe une multitude d’autres formes de transactions, les monnaies occupent toujours une place essentielle dans les échanges entre les divers acteurs de l’économie : les entreprises, les banques, les États, les ménages et par extension, la bourse.

Crédits photographiques : Mathieu Bernard-Reymond © MCAH