Le faux-monnayage de Joseph-Samuel Farinet

Les "productions" de Farinet

7 janvier 2009 - 30 juin 2009

Puisque les hommes par leur insuffisance ne se peuvent assez payer d'une bonne monnaie, qu'on y emploie encore la fausse. (Montaigne, Essais, livre II, chap. XVI, De la gloire)

Joseph-Samuel Farinet est arrêté en 1871 à Martigny-Bourg. Il est condamné pour fabrication de fausse monnaie. À la suite de plusieurs évasions et d'une traque policière sans répit, son corps est découvert dans les gorges de la Salentze (Leytron). Il repose au cimetière de Saillon où une vigne, que viennent aujourd'hui cultiver des célébrités au profit de l'enfance déshéritée, et un musée entretiennent le mythe du faux monnayeur au grand cœur.

Historiens, romanciers, poètes et musiciens ont raconté son histoire, à commencer par Charles-Ferdinand Ramuz (Farinet ou la Fausse Monnaie). L'historien André Donnet lui a consacré une enquête fouillée. Danielle Allet-Zwissig s'est penchée sur le climat de "L'Affaire Farinet dans la presse valaisanne contemporaine (1870-1881)".

Farinet fait aujourd'hui partie des people valaisans, selon Alain Bagnoud, auteur de l'ouvrage "Saint-Farinet". Et d'ajouter avec Gabriel Bender, sociologue et historien, les archives en donnent l'image d'un "...malfaiteur qui a mené finalement une existence pathétique. Le Robin des Bois montagnard est plus le fruit d'une légende médiatique..., alors que le faux-monnayeur ne cherchait qu'à obtenir de l'argent...". D'après la presse contemporaine à l'affaire, l'image de Farinet est en effet populaire. Don Juan au grand coeur, héros de la liberté s'élevant contre le pouvoir bourgeois et transgressant les lois, produisant de la fausse monnaie qu'il offrait aux plus humbles.

Farinet (le vrai Farinet de l'Histoire) ne fabriquait que de misérables pièces de 20 centimes, particulièrement celles de 1850. La raison de ce choix est d'ordre technique et pratique. Il est en effet notoire que les premières émissions de la Confédération renfermaient une proportion élevée de nickel, ce qui les rendait particulièrement dures. Si bien que ces pièces avaient la propriété de laisser leur empreinte dans l'acier chauffé à blanc et servaient à frapper des coins parfaitement semblables aux coins originaux (d'après la Nouvelle Gazette du Valais du 11 septembre 1875).

Salle Colin Martin (3e étage)